Dans un communiqué daté du 31
janvier, le président de l'université, Jean-Paul Saint André se
félicite d'une prochaine sortie de crise. Il se targue même d'avoir
réussi à souder la communauté universitaire angevine autour de son
projet, et d'avoir consulté les syndicats avant le dernier CA. Tous
les syndicats? Et bien non : SUD étudiant Angers (comme SUD
éducation 49 d'ailleurs) n'a pas été convié à cette petite
rencontre!
Alors on s'interroge..! SUD étudiant
est pourtant présent dans la plupart des composantes de
l'université, dispose d'élus à l'UFR de Lettres et mène une
activité régulière auprès des étudiant-es... On peut donc
légitimement se demander sur quels critère M. Saint André envoie
ses invitations..! A priori, comme ce n'est pas une erreur de mail
(on a vérifié 3 fois) et qu'on ne pense pas que notre président
ignore notre existence (il a passé la moitié de la manifestation du
15 janvier à côté de notre cortège), on peut suggérer qu'il
s'agit de raisons plus politiques.
Car depuis le début de ce mouvement,
SUD étudiant Angers émet un avis un peu dissonant dans le consensus
ambiant qui règne à l'université d'Angers (voir ici). Nous ne
sommes pas traumatisés par le fait de ne pas avoir été invité,
mais cela nous a motivé à expliciter les positions de notre
syndicat concernant les derniers événements à l'université
d'Angers, et notamment le plan de sortie de crise proposé par M.
Saint-André.
Le ministère s'en tire à bon compte !
Politiquement d'abord : le ministère
a laissé le soin à M. Saint-André de proposer son propre « plan
de sauvetage », se défaussant pour effectuer la basse besogne
(économies, gel de postes et cie...). Désormais, ce n'est plus au
ministère qu'il faut s'adresser mais à la présidence (c'est pas
que ça nous dérange, mais c'est plutôt lâche comme procédure,
le ministère se dédouanant ainsi de sa responsabilité).
Financièrement ensuite : avec la LRU
et les RCE, le ministère avait transféré la masse salariale et la
gestion des locaux à l'UA : c'est donc tout naturellement vers le
ministère que nous nous sommes tournés pour obtenir la rallonge
budgétaire. Mais le ministère a préféré renvoyer la patate
chaude, conditionnant une petite rallonge à une participation des
collectivités territoriales, procédant ainsi à un odieux chantage.
L'agglo d'Angers le reconnaît elle-même : « Cet accord,
conditionné par une aide à l’investissement, ne pouvait aboutir
que si une prise en charge était effectuée par les collectivités
locales. » (communiqué de l'agglo, 28/01/13). Excellent modèle
: quid des universités dont les villes ou la région d'appartenance
n'auraient pas les moyens ou la volonté politique d'assurer une aide
financière?
Cette décision est révélatrice des
prochaines orientations de la prochaine loi de l'Enseignement
Supérieur et la Recherche (ESR) : une territorialisation accrue et
une décentralisation sans moyens, laissant à des collectivités
locales, qui ont de plus en plus de prérogatives, le soin de
financer des services publics exsangues.
Vers une sortie de crise ?
Le plan proposé par M. Saint André
pour sortir de cette situation est un vaste trompe l'œil. Le plan
prévoit de geler 15 postes (ou de les « rafraichir »),
d'opérer des économies, et de remplacer des titulaires par des
vacataires ou des contractuels. Lorsqu'on l'accuse de généraliser
la précarité, M. Saint André se défend et valorise la
titularisation de 24 personnels, oubliant de préciser que ce n'est
nullement de sa seule volonté politique, mais bien la conséquence
de la loi Sauvadet votée en mars 2012.
Il présente également des créations
de postes d’enseignants et enseignants-chercheurs en 2014, 2015 et
2016...alors qu'il n'y a actuellement aucune garantie de la part du
ministère, que la nouvelle loi sur l'ESR de 2013, qui prévoit de
regrouper plusieurs universités, risque de modifier en profondeur le
calcul des financements et des dotations des universités. Enfin la
loi de finances, qui est votée annuellement par le Parlement, peut
très bien diminuer les dépenses publiques (et donc les dotations)
et imposer une cure d'austérité pour tout le monde (nous invitons
nos lecteurs/ices à se pencher sur les cas instructifs de la Grèce,
de l'Espagne, ou encore du Portugal). On avance donc dans le vide à
ce niveau...
« Se tourner vers l’avenir pour écrire l'université de demain »
C'est par cette belle formule que la
direction de l'université nous invite à reprendre le chemin de nos
amphis. Admirablement suivi par des associations étudiantes aux
ordres qui ont voté en bloc ce plan de sauvetage, M. Saint-André
croit peut être avoir acheté la paix sociale.
Plutôt que de
risquer l'affrontement et réclamer plus de moyens pour l'université,
le président s'est contenté (sans surprise) des miettes que le
ministère a bien voulu lui lancer. Bien sûr, on nous dira qu'il n'y
avait pas d'autre alternative, que les caisses sont vides, qu'il faut
faire des compromis... A ceux/celles qui nous conseillent de se
serrer la ceinture, nous répondons que l'argent existe, et que tout
est une question de redistribution. Car ce n'est pas la crise pour
tout le monde :
En tout cas, il est clair que SUD
étudiant Angers n'a pas le même projet d'université que la
direction de la fac et le ministère. L'université que nous voulons,
nous luttons pour la construire au quotidien : un service public,
gratuit et ouvert à toutes et tous!
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