dimanche 13 janvier 2013

Mise au point : la non-participation des syndicats SUD au collectif "Sauvons l'université d'Angers"

     La situation de l'Université d'Angers devient de plus en plus préoccupante. Après la mobilisation étudiante d'octobre 2012 – à laquelle SUD Étudiant Angers a participé, c'est au tour de la direction de l'université de s'inquiéter du financement de cette dernière. Avec un manque de 310 postes et un déficit de 4M d'euros (chiffres reconnus par le ministère), l'université est bien mal en point : elle a déjà procédé à des suppressions de postes en juin, désorganisant les services et alourdissant la charge de travail pour les personnels au moment des examens et de la rentrée universitaire.

      Après avoir promis des moyens supplémentaires, le ministère alterne pirouettes et hypocrisie : le ministère avance une augmentation de 2,35% du budget et la création de 35 postes. Or ceux-ci ne seront pas ouverts au recrutement mais serviront à combler le déficit. Le ministère, par le biais du rectorat, a également laissé entendre une possibilité de ne pas publier les annonces de recrutement dans la campagne d'emploi 2013, gelant de fait ces postes.
 
        Dans cette période particulièrement critique, tout le monde se mobilise, et un appel à la création d'un collectif « Sauvons l'Université d'Angers» a été lancé par les directeurs/ices d'UFR, déjà signé par des personnels, des étudiant-es des élu-es étudiant-es de toute tendance... sauf les syndicats SUD de l'université !

       Nous tenons à expliquer ici les raisons qui ont poussé SUD Etudiant et SUD éducation à refuser de rejoindre le collectif « Sauvons l’Université d'Angers», véritable front sacré derrière le Président de l’Université.

Depuis la LRU : les président-es de fac, de véritables chefs d'entreprise

Nous ne pouvons rejoindre un mouvement piloté par le Président de l’Université, Jean-Paul Saint-André, car nous estimons que le fond du problème budgétaire que connaît l’Université est la conséquence directe de la LRU (Liberté-Responsabilité-Université) et des RCE (Responsabilités et Compétences Elargies) votées et appliquées sous le gouvernement Sarkozy. Ces réformes ont transformé les présidents/présidentes d’Universités en véritables chefs d’entreprises, le recrutement du personnel et la gestion de la masse salariale, gérant également les primes des personnels (utilisées pour ne pas augmenter les salaires). L'État, depuis, pratique la politique de l’assèchement des crédits, obligeant ainsi les équipes de direction à mutualiser les moyens, supprimer des postes, supprimer des filières ou en limiter les inscriptions, recourir aux contrats précaires. En somme, pratiquer la casse systématique du service public, au détriment des usagers/usagères et des personnel-le-s. Ceci dans le but de préparer les étudiants/étudiantes à l’arrivé des financements privés dans les universités et la hausse des frais d’inscriptions, comme c’est le cas actuellement dans plusieurs pays (Québec, Royaume Uni, Chili,…).

           Alors certes, le président de la fac s'inquiète et envoie une lettre ouverte à la ministre demandant plus de moyens. Pourtant, c'est ce même président qui considérait dans son programme électoral (de janvier 2012) les Responsabilités et Compétences élargies (RCE) comme une « étape décisive et irréversible dans l'évolution de l'université », et appelant de ses vœux à la création d'une fondation prête à accueillir les financements privés. Hier apôtres de l'autonomie qui devait conduire l'université sur la route de la modernisation et de l'excellence, nos édiles universitaires tentent désormais une pirouette remarquable pour garder la face. Mais toujours aucune critique concernant la LRU et l'autonomie des facs, et c'est bien ce qui nous pose problème.

Intérêts divergents et contrôle du mouvement 

Ce collectif « Sauvons l'Université d'Angers» n’a pour seul but que la demande de financement, alors que c’est le système universitaire dans son entier qui doit être transformé. La rallonge budgétaire que pourrait gracieusement accorder le ministère de l’ESR n’aura pour finalité que de combler le déficit actuel, et pas de créer des postes ou des filières. Cela a déjà été acté par la Présidence de l’Université qui anticipe ce fait, en prévoyant dès maintenant des seuils limites d’inscriptions des filières et la mise en place de sélections sur critères géographiques, à l’image de ce que pratique l’Université de Nantes. 
 
Selon ce collectif, nous ne formons qu'une seule « communauté universitaire » unie dans l'adversité : fini le management et la précarité, il faudrait aujourd'hui cacher les rapports de hiérarchies et de dominations. Or la réalité est tout autre.

La présence des directeurs/directrices de composantes (UFR) au sein d'un collectif piloté par le président de la fac, pose le problème de l’indépendance du processus de décision du collectif. En effet, les personnel-le-s de l’Université, notamment ceux en contrat précaires, ne pourront pas s’opposer frontalement aux équipes de directions en cas de désaccord sur les revendications ou la stratégie du mouvement, sous peine de voir leurs positions avoir une incidence sur leurs primes, et pour les précaires sur leur non-renouvellement de contrat. 
 
Alors que SUD étudiant lutte au quotidien pour la transformation de l'université et la démocratisation de son fonctionnement, nous pensons que ce n'est pas le rôle de notre syndicat, se revendiquant du principe d’autogestion et du syndicalisme de transformation sociale, de rejoindre un collectif qui est sous la coupe de quelques personnes ne cherchant pas à changer l’Université, mais juste à récupérer des fonds pour continuer à fonctionner comme avant. 
 
Ce n'est pas l'université que nous voulons!

SUD Étudiant est attaché à une université ouverte à tous et toutes, la seule condition préalable étant l’obtention du baccalauréat, qu’il soit général, professionnel ou technologique. Nous nous battons pour une Université financée par des fonds publics, sans intervention des entreprises privées et gérée par le personnel et les usagers/usagères. SUD Étudiant défend le principe d'auto-organisation des luttes sociales, et ne reconnaît que les Assemblées Générales, véritable lieu de l’expression de la démocratie directe,  comme seule instance de décisions
 
SUD Étudiant ne reconnaît pas la légitimité du collectif « Sauvons l’Université », véritable succursale des « patrons » de l’Université, visant à leur permettre de garder la main mise sur le mouvement et empêchant de facto une remise en cause de fond en comble de l'université actuelle et des lois libérales qui ont saccagées l'ESR. Si ces personnes ont le droit d'appeler à se mobiliser, elles n'ont aucune légitimité dans cette mobilisation, et n'ont surtout pas à en fixer le calendrier ou les revendications!

SUD Étudiant, en tant que membre de l’intersyndicale appelle à la manifestation du mardi 15 janvier à 11h partant de la Place François Mitterrand. Car a ce jour, seule l’intersyndicale est légitime pour faire naître et animer ce mouvement social, en attendant la tenue des Assemblées Générales regroupant usagers/usagères et personnel-le-s, qu’ils soient enseignants/enseignantes ou BIATSS, titulaires ou précaires.

Contre l’Université du MEDEF et des Patrons
Une seule solution : la mobilisation !

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