La
situation de l'Université d'Angers devient de plus en plus
préoccupante. Après la mobilisation étudiante d'octobre 2012 – à
laquelle SUD Étudiant Angers a participé, c'est au tour de la
direction de l'université de s'inquiéter du financement de cette
dernière. Avec un manque de 310 postes et un déficit de 4M d'euros
(chiffres reconnus par le ministère), l'université est bien mal en
point : elle a déjà procédé à des suppressions de postes en
juin, désorganisant les services et alourdissant la charge de
travail pour les personnels au moment des examens et de la rentrée
universitaire.
Après avoir promis des moyens supplémentaires, le ministère
alterne pirouettes et hypocrisie : le ministère avance une
augmentation de 2,35% du budget et la création de 35 postes. Or
ceux-ci ne seront pas ouverts au recrutement mais serviront à
combler le déficit. Le ministère, par le biais du rectorat, a
également laissé entendre une possibilité de ne pas publier les
annonces de recrutement dans la campagne d'emploi 2013, gelant de
fait ces postes.
Dans
cette période particulièrement critique, tout le monde se mobilise,
et un appel à la création d'un collectif « Sauvons
l'Université d'Angers» a été lancé par les directeurs/ices
d'UFR, déjà signé par des personnels, des étudiant-es des élu-es
étudiant-es de toute tendance... sauf les syndicats SUD de l'université !
Nous
tenons à expliquer ici les raisons qui ont poussé SUD Etudiant et SUD éducation à
refuser de rejoindre le collectif « Sauvons l’Université d'Angers»,
véritable front sacré derrière le Président de l’Université.
Depuis
la LRU : les président-es de fac, de véritables chefs d'entreprise
Nous
ne pouvons rejoindre un mouvement piloté par le Président de
l’Université, Jean-Paul Saint-André, car nous estimons que le
fond du problème budgétaire que connaît l’Université est la
conséquence directe de la LRU (Liberté-Responsabilité-Université)
et des RCE (Responsabilités et Compétences Elargies) votées et
appliquées sous le gouvernement Sarkozy. Ces réformes ont
transformé les présidents/présidentes d’Universités en
véritables chefs d’entreprises, le recrutement du personnel et la
gestion de la masse salariale, gérant également les primes des
personnels (utilisées pour ne pas augmenter les salaires). L'État,
depuis, pratique la politique de l’assèchement des crédits,
obligeant ainsi les équipes de direction à mutualiser les moyens,
supprimer des postes, supprimer des filières ou en limiter les
inscriptions, recourir aux contrats précaires. En somme, pratiquer
la casse systématique du service public, au détriment des
usagers/usagères et des personnel-le-s. Ceci dans le but de préparer
les étudiants/étudiantes à l’arrivé des financements privés
dans les universités et la hausse des frais d’inscriptions, comme
c’est le cas actuellement dans plusieurs pays (Québec, Royaume
Uni, Chili,…).
Alors
certes, le président de la fac s'inquiète et envoie une lettre
ouverte à la ministre demandant plus de moyens. Pourtant, c'est ce
même président qui considérait dans son programme électoral (de
janvier 2012) les Responsabilités et Compétences élargies (RCE)
comme une « étape décisive et irréversible dans
l'évolution de l'université », et appelant de ses vœux à
la création d'une fondation prête à accueillir les financements
privés. Hier apôtres de l'autonomie qui devait conduire
l'université sur la route de la modernisation et de l'excellence,
nos édiles universitaires tentent désormais une pirouette
remarquable pour garder la face. Mais toujours aucune critique
concernant la LRU et l'autonomie des facs, et c'est bien ce qui nous
pose problème.
Intérêts
divergents et contrôle du mouvement
Ce
collectif « Sauvons l'Université d'Angers» n’a pour
seul but que la demande de financement, alors que c’est le système
universitaire dans son entier qui doit être transformé. La rallonge
budgétaire que pourrait gracieusement accorder le ministère de
l’ESR n’aura pour finalité que de combler le déficit actuel, et
pas de créer des postes ou des filières. Cela a déjà été acté
par la Présidence de l’Université qui anticipe ce fait, en
prévoyant dès maintenant des seuils limites d’inscriptions des
filières et la mise en place de sélections sur critères
géographiques, à l’image de ce que pratique l’Université de
Nantes.
Selon
ce collectif, nous ne formons qu'une seule « communauté
universitaire » unie dans l'adversité : fini le management et
la précarité, il faudrait aujourd'hui cacher les rapports de
hiérarchies et de dominations. Or la réalité est tout autre.
La
présence des directeurs/directrices de composantes (UFR) au sein
d'un collectif piloté par le président de la fac, pose le problème
de l’indépendance du processus de décision du collectif. En
effet, les personnel-le-s de l’Université, notamment ceux en
contrat précaires, ne pourront pas s’opposer frontalement aux
équipes de directions en cas de désaccord sur les revendications ou
la stratégie du mouvement, sous peine de voir leurs positions avoir
une incidence sur leurs primes, et pour les précaires sur leur
non-renouvellement de contrat.
Alors
que SUD étudiant lutte au quotidien pour la transformation de l'université
et la démocratisation de son fonctionnement, nous pensons que ce
n'est pas le rôle de notre syndicat, se revendiquant du principe
d’autogestion et du syndicalisme de transformation sociale, de rejoindre un collectif qui est sous la coupe de
quelques personnes ne cherchant pas à changer l’Université, mais
juste à récupérer des fonds pour continuer à fonctionner comme
avant.
Ce
n'est pas l'université que nous voulons!
SUD
Étudiant est attaché à une université ouverte à tous et toutes,
la seule condition préalable étant l’obtention du baccalauréat,
qu’il soit général, professionnel ou technologique. Nous nous
battons pour une Université financée par des fonds publics, sans
intervention des entreprises privées et gérée par le personnel et
les usagers/usagères. SUD Étudiant défend le principe
d'auto-organisation des luttes sociales, et ne
reconnaît que les Assemblées
Générales, véritable lieu de l’expression de la démocratie
directe, comme seule instance de décisions.
SUD
Étudiant ne reconnaît pas la légitimité du collectif « Sauvons
l’Université », véritable succursale des « patrons »
de l’Université, visant à leur permettre de garder la main mise
sur le mouvement et empêchant
de facto une
remise en cause de fond en comble de l'université actuelle et des
lois libérales qui ont saccagées l'ESR. Si ces personnes ont
le droit d'appeler à se mobiliser, elles n'ont aucune légitimité
dans cette mobilisation, et n'ont surtout pas à en fixer le
calendrier ou les revendications!
SUD
Étudiant, en tant que membre de l’intersyndicale appelle à la
manifestation du mardi 15 janvier à 11h partant de la Place François
Mitterrand. Car a ce jour, seule l’intersyndicale est légitime
pour faire naître et animer ce mouvement social, en attendant la
tenue des Assemblées Générales regroupant usagers/usagères et
personnel-le-s, qu’ils soient enseignants/enseignantes ou BIATSS,
titulaires ou précaires.
Contre
l’Université du MEDEF et des Patrons
Une
seule solution : la mobilisation !
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